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Nectar des fjords

A deux pas d’Hammerfjeld Gård, où Heidi élève ses oies, nous nous sommes rendus chez Siv et Jon Kristian, apiculteurs depuis 9 ans à Fannrem, au Sud d’Orkanger. Eux aussi, comme Heidi et son mari, sont membres du groupement de producteurs « Saveurs d’Orkland ». Ils possèdent un magasin à la ferme, dans lequel ils vendent leur miel, mais également les produits issus des autres exploitations du groupement. On y retrouve donc sans surprise les œufs de caille de Hammerfjeld Gård !


Siv et Jon Kristian sont deux « éleveurs d’abeilles » passionnés, qui possèdent une petite production de 30 ruches. Leur production de miel ne constitue pas leur principal salaire, puisque tous deux travaillent à temps plein en parallèle de l’activité d’apiculture. Jon Kristian nous explique : « Si on voulait vivre de l’apiculture, il nous faudrait 400 ruches ! ». Siv et Jon Kristian produisent en moyenne une tonne de miel par an (une ruche produit 30 à 40 kg par an), qu’ils vendent au magasin de la ferme, mais également auprès des hôtels et restaurants dans la région de Orkanger et Trondheim. Ils commercialisent également quelques produits dérivés du miel : de la moutarde, du caramel et des marinades, tous fabriqués artisanalement avec le miel de leurs abeilles !


Photo. Magasin à la ferme de Siv et Jon Kristian


En apiculture, le climat est le paramètre qui régit l’activité. Les journées les plus productives sont ensoleillées le jour et pluvieuses la nuit : les fleurs, ouvertes la journée, procurent alors un maximum de pollen aux abeilles. Les journées pluvieuses, mesdames ne volent pas en quête de pollen, mais s’alimentent directement dans la ruche : en une journée les abeilles peuvent consommer jusqu’à 2 kg de miel ! En Norvège, la neige s’installe pendant 6 mois de l’année. A l’automne, la colonie se rassemble autour de la reine. Comme en hibernation, la ruche se met en veille en attendant les beaux jours : la reine ne pond plus et la colonie réduit drastiquement de taille. Les abeilles reçoivent alors du sucre pour s’alimenter tout l’hiver. Malgré le froid saisissant de l’hiver, l’essaim formé dans la ruche maintient sa température à 27°C. Si cette homéothermie de la colonie se fait naturellement, les ruches sont également adaptées au climat : une couche isolante est installée sur le toit de la ruche pour limiter les déperditions de chaleur.


Photo. Ruches de Siv et Kristian


La saison démarre à partir de Pâques, lorsque les végétaux se débarrassent de leur manteau neigeux et laissent apparaître les premières fleurs. Au début de la saison, Siv et Jon Kristian contrôlent les ruches pour évaluer leur niveau de production. Selon le statut de la ruche, ils détermineront à quel endroit ils l’emmèneront butiner. La production de la colonie dépend des fleurs à disposition, mais également de la reine, qui assure le renouvellement de ses ouvrières. Les reines produisent jusqu’à 200 œufs par jour pendant leur deuxième année de vie ! Au bout de trois ans, Siv et Jon Kristian les remplacent.


Photo. A proximité des ruches, quelques chèvres curieuses entretiennent le terrain.


Leurs ruches réaliseront deux saisons de miel jusqu’à la fin de l’été. Deux saisons, deux paysages ! Au printemps, les abeilles butinent les framboisiers en fleurs dans la région. Attention, ce n’est pas un miel de framboisier 100% ! Chaque jour, c’est un choix qui s’impose : quelle fleur on butine aujourd’hui ? C’est ainsi que les abeilles changent leur régime d’un jour sur l’autre, en butinant un jour exclusivement les fleurs de framboisier, un autre jour une fleur d’un arbre ou d’une plante quelconque. A l’été, après une première récolte de miel, les abeilles partent en vacances ! Les ruches quittent les terres pendant six semaines pour rejoindre l’île de Hitra, sur la côte Ouest, où les apiculteurs louent des emplacements auprès des agriculteurs. Sur l’île, les abeilles produiront un miel sombre de qualité, issu des bruyères qui foisonnent ici.


Photos 1 à 3. Paysages et végétation de l'île de Hitra


Une question nous a trotté dans la tête. En France, on entend beaucoup parler des difficultés des apiculteurs face aux aléas environnementaux, consécutifs à l’activité humaine : pesticides, parasites des abeilles… Qu’en est-il pour la Norvège ? Selon Jon Kristian, en Norvège, les apiculteurs ne rencontrent pas de problème majeur avec leurs ruches et la principale raison est la politique Norvégienne qui protège directement ou indirectement les abeilles. L’activité agricole en Norvège est très contrôlée. Il existe peu de cultures intensives dans le pays, à l’exception de la pomme de terre. Les épandages ne peuvent être effectués les jours de beau temps et sont durement contrôlés par l’Etat. En Norvège, la gestion des espaces verts publics est également réalisée de manière bénéfique pour les abeilles (par exemple, on fauche les bordures de route une fois par an). Enfin, la gestion des risques sanitaires à l’échelle nationale est très réglementée : la Norvège refuse le passage au varroa qui envahit les ruches européennes (le transport d’abeilles ou d’apiculteurs étrangers sur le sol Norvégien est strictement interdit) et le frelon asiatique n’a pas encore fait le chemin jusqu’ici. Ajoutez à cela que pour une abeille la Norvège est considérée comme une île (inaccessible depuis le Danemark par exemple) et vous obtenez un pays api-friendly !



L'instant Norvégien


- Expérience rurale en Norvège

Siv et Jon Kristian sont membres du réseau Hanen, qui rassemble des acteurs ruraux proposant des expériences diverses et variées pour les vacanciers Norvégiens et internationaux. Via le réseau Hanen, il est possible de trouver un accueil à la ferme, un magasin de producteurs locaux, un hébergement en pleine nature, à la ferme, ou insolite... Hanen référence également des activités à la campagne, sportives ou contemplatives (chiens de traineaux, observation des baleines...)


Siv et Jon Kristian ont également décoré l'entrée de leur magasin d'un large logo bleu, sur lequel on peut lire : "European Region of Gastronomy, Trondheim - Trondelag, Awarded 2022, Producer". La région de Trondheim - Trondelag s'est en effet vu décerner le prix de "Région Européenne de la Gastronomie" par l'IGCAT (International Institute of Gastronomy, Culture, Arts and Tourism). Cette initiative a pour objectif de protéger et de promouvoir la diversité des produits culinaires en Europe. Elle apporte aux régions primées et à ses producteurs une visibilité, par le biais d'un livre publié par l'institut, intitulé "Thriving Together towards New Horizons."


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