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Architecture rurale des Balkans

Avant d'être un élément du paysage qui permet de faire de jolies photos, un bâtiment agricole possède une fonction. Il nous renseigne ainsi sur le passé d'une région mais aussi sur la période contemporaine.

Durant tout notre périple dans les Balkans, j'ai souvent embêté HK (restons polis) pour qu'on s'arrête prendre des photos de différents bâtiments intéressants que l'on croisait dans la campagne.

L'histoire des Balkans est extrêmement riche, c'est une péninsule entre Europe de l'ouest et Orient, elle s'étend des montagnes Slovènes à l'Ouest aux rives de la mer noire à l'Est. Cette région a souvent été conquise, perdue puis reconquise et de fait ici cohabitent des chrétiens orthodoxes, des catholiques, des juifs et des musulmans ; des Slaves, des Latins, des Roms... Bref, c'est une région multiculturelle à tous les points de vue !

Aujourd'hui quand on évoque la Serbie, la Bosnie ou le Kosovo, on pense encore aux guerres qui les ont ravagé il y a 20 ou 30 ans, il est vrai que l'on voit toujours des impacts de balles sur les murs dans la campagne. Pourtant le passé de ces pays ne se résume pas qu'à des affrontements militaires et heureusement !


Aujourd'hui je souhaitais vous parler d'Architecture et donc aussi d'Histoire vous l'aurez compris! J'ai tenté (avec nos petits moyens journalistiques) de créer un publi-reportage sur les bâtiments à vocations agricoles dans les Balkans.



Les Kozolecs (Slovénie)


Voici un type de séchoirs à foin que l'on retrouve partout en Slovénie. Les Kozolecs sont constitués d'une file de poteaux supportant des tasseaux horizontaux, le foin y est stocké après la récolte au printemps et les éleveurs piochent dedans durant la période hivernale pour nourrir le bétail. La structure frappe par sa simplicité. La plupart des Kozolecs que nous avons croisé étaient en bois, malheureusement certains commencent à tomber en morceaux car ils ne sont plus utilisés, les éleveurs leur préférant l'enrubannage désormais. Toutefois nous en avons aperçu qui s'étaient reconvertis en support pour affiche publicitaire !


Illustration de l'utilisation initiale du Kozolec (foin) mais aussi plus actuelle (stockage du bois)



Les Toplars (Slovénie)


Contrairement aux Kozolecs, que l'on retrouve également dans les pays voisins, les Toplars sont typiquement Slovènes! La différence principale avec les premiers est qu'ils sont bien plus grands, c'est en fait un petit bâtiment qui sert pour le séchage du foin à l'origine mais qui permet aussi d'abriter du bois ou du matériel. Côté architecture, le séchage du foin suppose un barreaudage à claire-voie sur le maximum de surface verticale mais aussi un accès facilité des 2 côtés du râtelier. En clair : il faut que le toplar soit largement ouvert sur 2 côtés et simplement munis de barreaux horizontaux sur les 2 autres. Cela permet qu'un maximum de vent circule et évite à l'humidité de stagner dans le fourrage. De plus, afin de protéger des intempéries, un large débord de toit est nécessaire, cela est permis par l'installation de 2 pannes sablières de chaque côté du bâtiment. Le Toplar est tellement propre à la Slovénie qu'il a été érigé en symbole de l'identité Slovène à l'éclatement de la Yougoslavie en 1990 et il a permis de prouver une homogénéité culturelle du pays! A la différence des Kozolecs, les Toplars sont toujours utilisés, très peu pour le séchage du foin à vrai dire mais pour du stockage divers et varié, c'est un peu l'équivalent de notre remise.

GIF illustrant le principe de construction du Toplar (Source : l'usage du bois)



Les Kazuns (Croatie)


Un Kazun est une petite maison de pierre d'une seule pièce construite avec la technique de la pierre sèche et possédant très souvent un plan circulaire. Ces petits bâtiments sont typiques de l'Istrie, une péninsule à l'extrémité nord-ouest de la Croatie, non loin de l'Italie.

Le Kazun servait aux fermiers et particulièrement aux bergers autrefois pour s'abriter en cas de pluie ou même de soleil trop intense. Il permettait également de remiser des outils qui servaient dans les champs d'oliviers ou dans les prés. Cette construction ne demande aucun liant, la structure ne tient que grâce au talent des bâtisseurs à disposer les pierres correctement. Ces pierres ne venaient jamais de très loin, les constructeurs de Kazun n'avaient qu'à se baisser pour trouver les matériaux. En effet, avant de pouvoir exploiter les terres les fermiers devaient y ramasser les pierres! Et entre les innombrables murets servant à délimiter les parcelles et les Kazuns autant vous dire que des tonnes de pierres ont été déplacées ici!

L'île de Bavljenac sur la côte Dalmate. Une île ressemblant à une empreinte digitale vue du ciel et un bel exemple de l'importance des murs de pierres sèches qui servaient à délimiter les parcelles.



Les Koz (Serbie)


Un Koz est un séchoir à maïs que l'on retrouve dans plusieurs pays des Balkans mais c'est en Serbie que nous en avons observé le plus. Il est toujours construit sur pilotis afin d'éviter les nuisibles et pour protéger les céréales de l'humidité. Littéralement le terme "Koz" signifie "panier" en Serbe car à l'origine la construction était réalisée en osier tressé comme un panier. Cela permettait de laisser passer l'air tout en empêchant les rongeurs d'atteindre les épis. Aujourd'hui beaucoup de séchoir sont en bois ou en métal mais ils subsistent toujours quelques Koz en osier. Ce type de séchoir a été hérité des communautés primitives du Néolithique et il sert toujours à stocker des céréales dans les campagnes aujourd'hui!

Le principe de construction est relativement simple :

- fondations en pilier de bois

- poteaux (reposant sur les piliers)

- parois en brins tressés, à claire-voie ou grillagées

- toit avec débord


Koz en osier

Koz en bois (au dessus d'un garage)

Séchoir en bois en Croatie

Séchoir grillagé



Comme nous l'avons vu ces architectures rurales très différentes sont spécifiques de certaines régions des Balkans et illustrent bien les spécificités agricoles de chaque territoire (la culture du maïs, des oliviers, l'élevage des ruminants,...). Du temps de la Yougoslavie la collectivisation ne permettait pas aux familles de posséder plus de 10 hectares chacune et cela a certainement joué un rôle dans le maintien de l'utilisation de certains bâtiments. Dans certaines régions chaque famille possède toujours son corps de ferme avec son séchoir à maïs pour alimenter ses animaux.

Cette liste n'est évidemment pas exhaustive, c'est juste un point de vue à un instant donné mais j'espère que le sujet vous a intéressé! En tout les cas j'ai pris beaucoup de plaisir à en faire un fil rouge de nos 90 jours passés dans les Balkans!

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